Les épreuves de mars : mission impossible
Article mis en ligne le 7 avril 2021

par Gilles WAEHREN

Lettre à l’inspection de mathématiques

Nous sommes les quatre professeurs ayant en charge l’enseignement de spécialité mathématiques en terminale générale cette année au lycée Saint-Exupéry de Fameck. Nous travaillons en équipe, échangeons et harmonisons nos pratiques, que cela soit pour notre progression qui est commune, nos sujets d’évaluations en temps libre ou en classe et nos contenus de séquences. Nous avons pour la plupart une longue expérience des classes de terminale, et notre engagement dépasse le cadre du lycée (groupe de travail à l’IREM, groupe de travail sur les nouveaux programmes,
formations, charges de mission).

Dès nos premières réunions de travail cet été, nous savions, au vu de la situation sanitaire et des nouveaux programmes, qu’une adaptation de notre enseignement serait nécessaire, au moins au premier trimestre. Les préconisations officielles que nous avons ensuite reçues et que nous avons mises en pratique allaient d’ailleurs dans ce sens.

Très vite après la rentrée de septembre, les difficultés se sont accumulées, et ce malgré le soulagement de tous, élèves comme professeurs, de retrouver des conditions d’enseignement quasi normales. L’impact des mois de télé-enseignement de l’année scolaire 2019/2020 a été encore plus fort que prévu : perte des habitudes de travail, perte d’autonomie, perte des automatismes de calcul, etc. Pourtant nos collègues de première ne sont pas à blâmer, ils ont proposé un suivi de qualité pendant la période de mars à juin, allant plus loin que les préconisations officielles. Pendant cette première période, nous avons donc conjointement entamé le programme de terminale et consolidé certaines notions de première, sans lesquelles nous aurions construit le premier sur du vide. Au mois de novembre, le protocole sanitaire a évolué et même si, d’une part, dans notre établissement, celui-ci a été bien pensé, d’autre part, chacun de nous quatre a remplacé toutes les séances ayant lieu à distance par des classes virtuelles, il va de soi que l’avancement dans la progression, tout comme l’assimilation des apprentissages pour les élèves ont été moins efficaces que des cours en présentiel.

En ce début d’année 2021, nous faisons le constat suivant : nous avons 9 chapitres ou parties de chapitres portant sur les notions qui peuvent être évaluées à l’examen à faire durant les 8 semaines qui précèdent l’épreuve du lundi 15 mars. De plus, malgré notre bonne volonté et vos recommandations, nous n’avons pas pu travailler avec nos élèves sur d’éventuelles questions qu’ils pourraient préparer en vue du grand oral.

Il nous semble que le temps des débats sur le bien-fondé des différentes réformes n’est plus d’actualité, que nous avons « fait de notre mieux » (pour reprendre des formulations ou conseils qui nous ont été donnés), que faire des heures supplémentaires alors que nous sommes à temps plein et investis n’est pas une solution (pour nous et nos élèves), et que nous avons à plusieurs reprises alerté nos supérieurs face à une situation hors norme.

En dépit des efforts que nous avons déployés, force est de constater que nous ne parviendrons pas à préparer nos élèves pour l’épreuve de la mi-mars, même avec les derniers ajustements annoncés dans la constitution des sujets.

On nous parle « d’une école de la confiance », est-ce seulement un slogan ? La confiance ne se décrète pas, elle se gagne ou se perd selon les actions de tous et de chacun. Nous avons depuis longtemps celle de nos élèves et de leurs familles ; c’est un capital que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre, nous nous demandons néanmoins si cela est encore possible dans ce contexte.

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