DANS MOINS DE QUATRE MOIS…
La réforme du lycée général est actée, mais nous ne voyons toujours pas de changement de programmes poindre à l’horizon. Peut-être ne porteront-ils que sur le format des cahiers des élèves : A4 ou européen. La question se pose alors de savoir si l’on peut envisager un changement aussi conséquent du lycée sans modification des contenus. Sur le papier, cela semble faisable. Mais, ce serait sans
compter les mutations profondes qu’a impulsées la réforme du collège. Il serait temps de s’adapter à ce mouvement pour ne pas perpétuer les disparités entre élèves que la réforme du lycée veut diminuer.
L’évolution des notions a, en partie, été amorcée avec les quelques aménagements du programme de seconde, parmi lesquels, la partie « algorithmique » a connu des modifications dont nous n’avons pas encore pris toute la mesure. Nous ne pouvons cependant pas nous en tenir à la suppression de tel ou tel chapitre ou à l’apparition de tel ou tel autre. Nos élèves ont aussi besoin qu’on leur apprenne à gérer la masse d’informations directement accessibles sur Internet pour, par exemple choisir, selon leur goût, tel ou tel site de mathématiques. Nous ne pouvons pas ignorer cet immense réservoir documentaire : il serait bon d’enseigner des méthodes de recherche pertinentes et utiles. Nous nous efforçons tous les jours de faire le lien entre des notions, parfois éloignées en apparence, et ce travail demande un long temps d’apprentissage.
L’École permet aussi de construire et d’exercer son sens critique, notamment par la confrontation de sources d’informations variées ; et les mathématiques nous apprennent notamment à nous méfier de ce que l’on croit avoir vu dans une figure, de ce que l’on pense avoir découvert dans un calcul. Nous devons continuer d’aider l’élève à apprendre par lui-même, lui donner les moyens de son autonomie. Autant
de méthodes, qui paraissent parfois des voeux pieux dans les demandes des programmes et sur lesquelles il faut rester centré.
Pour les nouveaux contenus du programme de seconde, par exemple et parce qu’il faudrait qu’il soit mis en oeuvre dans quatre mois, je suggère, puisque rien ne m’a encore été proposé, de supprimer les vecteurs (laissons-les aux premières ‘scientifiques’) et les fonctions du second degré. Cela devrait laisser du temps pour refaire de la géométrie (nostalgisme qui devrait ravir notre ministre) euclidienne et,
surtout, dynamique. Cette partie des mathématiques permet de travailler les six compétences de façon active. Son intérêt technique a pu échapper à certains ; pourtant, je pense qu’on a voulu s’en débarrasser trop vite. N’est-il pas dommage de ne pas réinvestir ce que les collégiens ont vu sur les transformations, le théorème de Thalès et tous ceux qui lui sont liés ? Même après l’avoir enseignée plusieurs années, GeoGebra à l’appui, s’est-on vraiment lassé de la droite d’Euler (y compris avec les vecteurs) ? Les symétries de telle ou telle figure de l’espace ne sont-elles pas essentielles pour construire la vision d’une molécule ou pour réaliser une animation cinématographique assistée par ordinateur ? La géométrie nous sert souvent de support pour appréhender la notion de fonctions et, là encore, l’outil numérique apporte une plus-value dans la compréhension des phénomènes. Enfin, et la rubrique « sophismes » du Petit Vert ne manque jamais de le rappeler, la géométrie permet, comme évoqué ci-avant, de nous méfier des apparences trompeuses.
Vous aussi, devant l’absence de nouvelle proposition de programme, laissez libre cours à votre imagination pour construire une nouvelle progression qui donne du sens à notre enseignement !